Vivre enfant en milieu rural diminuerait le risque de psoriasis
L’hypothèse « hygiéniste »
La théorie dite « hygiéniste » repose sur l'hypothèse qu’une moindre exposition pendant l’enfance aux infections et aux microbes entraîne une diminution de la maturation du système immunitaire et un épuisement du microbiome. En conséquence, les maladies allergiques, auto-immunes et inflammatoires sont de plus en plus fréquentes. Le psoriasis est une maladie de la peau à médiation immunitaire : cette maladie, à la fois inflammatoire et auto-immune, résulte d’interactions anormales entre les cellules cutanées et les cellules immunitaires.
Une étude E3N de 2012 avait montré l’influence bénéfique du milieu rural pendant l’enfance sur le risque d’asthme. L’objectif de cette présente étude était de continuer à explorer l’hypothèse hygiéniste mais en lien avec le psoriasis. Avoir grandi dans un environnement rural modifie-t-il le risque de développer un psoriasis ?
Méthodologie de l’étude E3N
72 154 femmes E3N ont été incluses dans cette étude. Au cours du suivi qui s’est étendu de 1990 à 2018, 1 967 cas de psoriasis ont été diagnostiqués. L’environnement pendant l’enfance des femmes E3N était caractérisé par le fait d'avoir des parents fermiers, de vivre dans une ferme, de vivre au contact d’animaux (de ferme ou de compagnie) et par une naissance en milieu rural (commune de moins de 5 000 habitants).
Résultats
Un risque diminué de psoriasis a été observé chez les femmes nées en milieu rural (-13 %) et chez celles ayant eu des parents fermiers (-16 %).
Ces résultats suggèrent que l'enfance est une période critique dans la pathogénèse du psoriasis. L'exposition à un environnement rural semble avoir un effet immunomodulateur direct, c'est-à-dire que cela contribue à éduquer le système immunitaire afin que ce dernier reconnaisse ses propres cellules comme telles, qu'il ne les prenne pas pour des agents pathogènes et qu'il ne les attaque donc pas, comme c'est le cas dans les maladies à médiation immunitaire comme le psoriasis.
On suppose également que le mode de vie de parents fermiers, notamment leurs habitudes alimentaires, pourrait influencer de manière positive la composition du microbiome de leurs enfants.
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