Projet de recherche "dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA)"

Yeux femme âgée

Janvier 2024 - Dans le cadre d’une collaboration avec l’équipe LEHA (Expositions tout au long de la vie, Santé et Vieillissement) du Bordeaux Population Health de l’Université de Bordeaux, nous démarrons deux projets de recherche sur la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) dans la cohorte E3N.

La dégénérescence maculaire liée à l’âge en France

La DMLA est la première cause de perte visuelle en France et dans les pays industrialisés. Cette pathologie comporte deux formes avancées associées à une perte visuelle : la DMLA néovasculaire et la DMLA atrophique, survenant généralement après 65 ans (moyenne d’âge au diagnostic : 79 ans). Ces formes avancées sont généralement précédées de formes précoces, asymptomatiques dans la majorité des cas. On estime qu’environ 700 000 personnes sont atteintes de DMLA avancée en France.

La DMLA est une pathologie multifactorielle impliquant des facteurs génétiques et environnementaux. Une cinquantaine de variants génétiques ont été identifiés comme associés à la maladie. La consommation de tabac, la nutrition et certains facteurs métaboliques ont été reconnus comme facteurs de risque de la DMLA par les études épidémiologiques.

Depuis leur introduction en 2006-2007, les traitements anti-VEGF (vascular endothelium growth factor) tels que le ranibizumab et l'aflibercept ont révolutionné la prise en charge de la DMLA néovasculaire en France et en Europe. Ces traitements permettent une diminution significative de la déficience visuelle des sujets atteints de la forme néovasculaire de cette maladie. Ces traitements représentaient, en 2016, plus de 500 millions d’euros de remboursement de médicaments par l’Assurance Maladie en France, plaçant ainsi ces deux molécules aux deuxième et troisième rangs des dépenses de médicaments de l’Assurance Maladie. La prise en charge de la DMLA est facilement identifiable grâce au système de remboursement français.

Aujourd’hui, peu de cohortes présentent des données ophtalmologiques validées. En France, nous recensons seulement trois études en population générale ayant un diagnostic de DMLA. Les connaissances épidémiologiques sur la DMLA dans la population française restent donc parcellaires, aussi bien en termes de couverture géographique (données disponibles uniquement dans 3 villes) que de période (une étude réalisée dans les années 90, deux études dans les années 2000).À ce jour, en France, deux grandes études de cohortes nationales (E3N et Constances) disposent de données uniques sur l’exposome lié à l’environnement ; en revanche leurs données ophtalmologiques restent encore à valider.


Projet API-DMLA :

Algorithme pour l'identification de la dégénérescence maculaire liée à l’âge

Cette étude a pour objectif de développer et de valider de nouveaux algorithmes d’identification des cas de DMLA.

Les objectifs principaux sont :

  1. Développer des algorithmes pour identifier les cas de DMLA néovasculaire incidente.
  2. Valider ces algorithmes dans les cohortes nationales E3N et Constances.

L’objectif secondaire est d’estimer l’incidence de la DMLA néovasculaire dans E3N et Constances, à l’aide des algorithmes développés.

Nous allons concevoir un algorithme, basé sur les remboursements de médicaments et d’actes en lien avec la DMLA. Pour identifier environ 300 cas potentiels de DMLA, nous retournerons auprès des participantes E3N et ou de leurs médecins/spécialistes, afin de confirmer le diagnostic de DMLA pour pouvoir valider notre algorithme.

Il apparaît indispensable d’approfondir la connaissance des caractéristiques des malades et des facteurs associés à cette maladie pour mieux la prévenir et proposer une prise en charge adaptée avec, pour but ultime, de réduire le coût financier et sociétal lié à la DMLA. L’identification et la validation de cas de DMLA dans les grandes cohortes nationales françaises se pose donc comme un enjeu majeur de Santé Publique.

Pour la communauté scientifique, la validation des cas de DMLA est plus que nécessaire ; elle a pour but d’améliorer le niveau de publication des articles scientifiques et d'accroître la reconnaissance internationale des travaux issus des données de cohortes françaises. Ces algorithmes d’identification des cas de DMLA seront mis à disposition de la communauté scientifique et pourront être utilisés par toutes les cohortes françaises reliées au SNDS ou à la MGEN.

Le projet API-DMLA bénéficie du soutien financier du Health data Hub (HDH) et de la Fondation Bordeaux Université. Ce projet démarre en janvier 2024.


Projet Macu-Life :

Exposome du mode de vie et risque de dégénérescence maculaire liée à l’âge dans la cohorte E3N

Ce projet ambitionne de contribuer à l’évaluation des relations entre nos modes de vie et le développement de la DMLA pour pouvoir mettre en place des préventions adaptées.

Le risque de développer une DMLA est déterminé conjointement par l’âge, la génétique et le mode de vie : tabagisme, nutrition, activité physique et facteurs métaboliques. Ces expositions, qui surviennent plus tôt dans la vie, pourraient affecter l’apparition des maladies chroniques à long terme. À ce jour, la fenêtre temporelle des mécanismes d’action pour la prévention de la DMLA reste à déterminer. La période de l’enfance pourrait être importante, comme celle du milieu de la vie. Nous faisons l’hypothèse que les expositions au cours de la vie, en particulier en milieu de vie, influenceraient le développement de la DMLA aux âges avancés.

L’objectif du projet Macu-Life est d’évaluer les associations entre expositions au cours de la vie et DMLA, avec un intérêt particulier pour le tabagisme, l’activité physique et les expositions nutritionnelles et métaboliques.

Projet_Macu_Life

 

Ce projet s’appuie sur les données uniques de la cohorte E3N : près de 100 000 femmes suivies depuis 1990 dont environ 2 000 ont développé une DMLA. Au moyen de modèles statistiques appropriés, les associations entre différentes composantes de l’exposome du mode de vie et la DMLA seront estimées pour identifier les facteurs potentiellement protecteurs et délétères.

Macu-Life est l'une des plus grandes études sur la DMLA et constitue un changement d'échelle dans l'épidémiologie de cette pathologie. À notre connaissance, ce projet sera le premier à évaluer l'impact de plusieurs expositions du mode de vie en utilisant des données prospectives sur une longue période et sur un large échantillon ; il apportera ainsi des connaissances inestimables à ce domaine de recherche.

Une meilleure connaissance des expositions au début et au milieu de la vie aidera à mieux caractériser la fenêtre temporelle optimale pour la prévention de la DMLA ainsi qu'à détecter les personnes à haut risque de DMLA. Le but ultime est d'améliorer la prévention précoce, les soins et de retarder l'apparition et la progression vers des formes avancées de DMLA. Une meilleure connaissance de ces populations est un élément clé pour la mise en œuvre d'études interventionnelles et la formulation de recommandations de santé publique.

Le projet Macu-Life est soutenu par la Fondation Bordeaux Université.