Le régime alimentaire paléolithique réduirait le risque de cancer du sein

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En France, le cancer du sein est à la fois le plus fréquent et le plus meurtrier chez la femme. Le nombre de nouveaux cas de cancer du sein continue d’augmenter en France et dans le monde. En 2020, plus de 2,2 millions de nouveaux cas ont été diagnostiqués et ces chiffres risquent encore d’augmenter au cours des prochaines années.1

Le cancer du sein est une maladie multifactorielle. Plusieurs facteurs augmentant le risque de cancer du sein, liés au mode de vie, ont déjà été identifiés : la sédentarité, le surpoids ou l’obésité, la consommation d’alcool, de tabac et une mauvaise alimentation. Du côté de l’alimentation, un régime alimentaire occidental, c’est-à-dire caractérisé par une consommation élevée de viande rouge, de viande transformée et de graisses animales, et par un apport calorique élevé, est fortement suspecté d’augmenter le risque de cancer du sein.2 Sachant cela, des chercheurs ont émis l’hypothèse qu’un régime alimentaire traditionnel, correspondant à celui de nos ancêtres de la préhistoire, à l’ère du paléolithique, pourrait être bénéfique pour la santé.

Le régime paléolithique est basé sur les groupes d’aliments a priori consommés à l’époque paléolithique. Ce régime alimentaire gagne en popularité depuis quelques années, mais les études scientifiques portant sur ses éventuels bénéfices dans la prévention des maladies chroniques sont encore peu nombreuses. L’interprétation moderne du régime paléolithique, adaptée à notre environnement alimentaire actuel, est basée sur une consommation élevée de légumes, de fruits, de viande maigre, de poisson et de fruits à coque, et à l’inverse une faible consommation de viande transformée, de produits laitiers, de céréales et d’amidon.3

Le régime alimentaire paléolithique moderne pourrait-il jouer un rôle dans la prévention du cancer du sein après la ménopause ? Pour répondre à cette question, les chercheurs de l’équipe se sont appuyés sur les données de 65 574 femmes de la cohorte E3N, suivies entre 1993 et 2014. Au moment de leur inclusion dans l’étude, leur âge moyen était de 52 ans et aucune n’avait eu de diagnostic de cancer du sein. Les participantes ont répondu à deux longs questionnaires alimentaires, à l’inclusion puis au cours du suivi. Pour chacune des participantes, un score évaluant l’adhésion au régime alimentaire paléolithique a été développé, en utilisant les groupes d’aliments et de nutriments les plus caractéristiques (légumes, fruits, fruits et légumes, viande maigre, poisson, fruits à coque et calcium) et les moins caractéristiques (viande grasse, viande transformée, produits laitiers, boissons sucrées, produits de boulangerie, céréales, amidon, sodium et alcool) du régime paléolithique. Des scores élevés reflétaient une grande adhésion au régime alimentaire paléolithique.

Au cours du suivi, 3 968 participantes ont développé un cancer du sein. Les analyses statistiques ont comparé le risque de développer un cancer du sein en fonction d’une adhésion faible ou élevée au régime paléolithique. Les résultats ont montré que les femmes ayant une adhésion élevée au régime paléolithique avaient un risque de cancer du sein diminué de 17 % par rapport à celles qui avaient une faible adhésion, et ce après avoir gommé l’influence de l’activité physique, des traitement hormonaux de la ménopause, de la parité et des antécédents familiaux sur le risque de cancer du sein. Cette diminution de risque a été observée pour tous les sous-types de cancer du sein.

Pour conclure, le régime alimentaire paléolithique peut jouer un rôle important dans la diminution de l’incidence du cancer du sein après la ménopause. Ces résultats peuvent également nous aider à mieux comprendre les mécanismes sous-jacents du rôle de l’alimentation dans la pathogenèse du cancer du sein.

Références :

1. Arnold M, Morgan E, Rumgay H, et al. Fardeau actuel et futur du cancer du sein: statistiques mondiales pour 2020 et 2040. Sein. Déc 2022;66:15-23.

2. Xiao Y, Xia J, Li L, et al. Associations entre les habitudes alimentaires et le risque de cancer du sein: une revue systématique et une méta-analyse d’études observationnelles. Cancer du sein Rés. 2019;21(1):16.

3. Whalen KA, McCullough M, Flanders WD, Hartman TJ, Judd S, Bostick RM. Paleolithic and Mediterranean Diet Pattern Scores and Risk of Incident, Sporadic Colorectal Adenomas. Journal américain d’épidémiologie. 2014;180(11):1088-1097.

 

Pour en savoir plus :

>> Référence bibliographique :
Shah S, Mahamat-Saleh Y, Hajji-Louati M, Correia E, Oulhote Y, Boutron-Ruault MC, Laouali N. Palaeolithic diet score and risk of breast cancer among postmenopausal women overall and by hormone receptor and histologic subtypes. Eur J Clin Nutr. 2023 Feb 1.

L’article scientifique est publié dans l'European Journal of Clinical Nutrition