Produits laitiers, calcium, et vitamine D : influence sur le risque d’adénome et de cancer colorectal

Depuis les premiers travaux américains laissant envisager un effet protecteur du calcium et de
Les données les plus récentes font apparaître un risque accru d'adénome et de cancer colorectal en cas d'apport insuffisant en calcium, mais pas de bénéfice au-delà de la correction des carences. Certaines études ont suggéré un effet protecteur de la supplémentation en calcium sur le risque de récidive d'un adénome colorectal.
Deux études E3N menées en parallèle
L'étude E3N a examiné l'effet de la consommation de produits laitiers, de la prise de calcium et de vitamine D sur ces pathologies. Nous avons étudié les risques d'adénome et de cancer colorectal.
Pour les adénomes, nous sommes partis des 1 933 "polypes" déclarés dans les deux questionnaires postérieurs au questionnaire alimentaire (envoyé en 1993), le suivi s'étendant jusqu'en décembre 1997. En effet, lorsque l'on s'intéresse à la relation entre une maladie et une exposition (considérée au sens large, il peut s'agir d'exposition à un aliment), il est primordial d'étudier les événements de santé survenant après cette exposition.
Nous avons vérifié qu'il s'agissait bien de polypes adénomateux grâce aux comptes rendus anatomo-pathologiques, et avons ainsi identifié 968 cas d'adénomes dont 516 ont pu être intégrés dans l'analyse. Nous avons ensuite comparé l'alimentation de ces femmes à celle de femmes sans adénome, c'est-à-dire ayant eu une coloscopie dont le résultat était normal. Au total, l'étude sur les adénomes comparait ces 516 porteuses d'adénome à 4 804 femmes sans adénome.
Pour le cancer colorectal, nous avons comparé 172 cas de cancer avec 67 312 femmes indemnes de cancer.
Les résultats
Plus la consommation de calcium augmente, plus les risques d'adénome et de cancer colorectal diminuent. Une consommation croissante de produits laitiers, tous types confondus, réduit le risque d'adénome ; une consommation importante de lait réduit le risque de cancer colorectal.
Aucune association n'a été trouvée entre l'apport en vitamine D et le risque de tumeur colorectale, ce qui peut s'expliquer par une prise alimentaire peu élevée dans
Limites et avantages de l'étude
Les habitudes alimentaires sont difficiles à recueillir surtout si elles sont variées. Elles peuvent également changer au cours du temps et sont influencées par l'état de santé. De plus, il est difficile pour le sujet interrogé de s'en souvenir plusieurs années après. L'aspect prospectif de notre étude permet d'éviter ces inconvénients en demandant de renseigner l'alimentation actuelle.
Les associations modérées observées dans notre étude sont en partie attribuables au temps de suivi relativement court, d'où un manque de puissance statistique. Cependant, cette courte durée limite aussi les changements d'habitudes alimentaires susceptibles de survenir dans les études prospectives de longue durée qui auraient négligé de mettre à jour ces données alimentaires.
Une autre limite possible provient de l'homogénéité de notre population au regard de la consommation de produits laitiers, les écarts entre les plus faibles et les plus fortes consommatrices étant peu importants. En outre, les habitudes alimentaires sont plutôt bonnes dans
Conclusion
Nos résultats confirment l'hypothèse selon laquelle le calcium et les produits laitiers exercent un effet protecteur à certaines étapes de la séquence adénome-cancer colorectal.
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