L'obésité est associée à un risque diminué de maladie de Parkinson

obésité

Contexte

La relation entre l'indice de masse corporelle (IMC) et la maladie de Parkinson (MP) est très complexe. En effet, plusieurs années avant le diagnostic de la maladie de Parkinson, des symptômes non-moteurs, avant-coureurs de la maladie, peuvent apparaître. En particulier, une constipation peut précéder de plusieurs années le diagnostic de MP, ce qui pourrait entrainer des modifications de l’alimentation avant le diagnostic. De plus, les patients parkinsoniens ont tendance à perdre du poids et il est possible que cette perte de poids débute bien avant le diagnostic. Ainsi, certaines études sur la relation entre l’IMC et la MP pourraient être biaisées en raison d’un phénomène dit de « causalité inverse », c’est-à-dire que les modifications de l’IMC seraient causées par l’arrivée prochaine de la MP (et non l’inverse). Des études avec un très long suivi sont de ce fait nécessaires pour s’affranchir de ce biais de causalité inverse.

Dans le cadre d’une thèse, des chercheurs de l’étude E3N se sont penchés sur la question : la relation entre l’IMC et l’incidence de la MP a été analysée à partir des données de la cohorte E3N. 96 702 femmes, suivies de 1990 à 2018, ont été inclues dans cette étude. Au cours de ce suivi de 29 ans, 1 164 d’entre elles ont développé une MP.

Méthodes

Le diagnostic de MP a été validé à partir des dossiers médicaux et des données sur le remboursement de médicaments antiparkinsoniens. L'IMC de chaque participante a été calculé à partir du poids et de la taille auto-déclarés. 11 mesures étaient disponibles au cours du suivi, ce qui a permis de dessiner les trajectoires de corpulence pendant 29 ans. Pour étudier l’association entre IMC et MP sans être biaisés par la causalité inverse, les chercheurs ont fait des analyses prenant en compte un délai de minimum 5 ans entre l’exposition (IMC) et le diagnostic de MP ; des délais plus longs de 10 et 20 ans ont également été utilisés pour confirmer les résultats obtenus.

Résultats

Par rapport aux femmes ayant un IMC normal (IMC = 18,5–24,9 kg/m2), les femmes présentant une obésité (IMC ≥ 30kg/m2) avaient une incidence de la MP inférieure de 24% ; avec des délais plus longs, des résultats similaires étaient obtenus.

Les trajectoires de corpulence ont montré que l'obésité était moins fréquente chez les malades que chez les témoins, même 29 ans avant la date de diagnostic. De plus, en raison d’une perte de poids, la fréquence de l'obésité diminuait chez les malades cinq à dix ans avant le diagnostic. Au contraire, l’obésité continuait d’augmenter chez les témoins.

Conclusion

Ces résultats confirment de précédentes études ayant montré qu’un IMC plus élevé était associé à un risque plus faible de MP, grâce à une approche différente, dite de randomisation mendélienne, reposant sur des marqueurs génétiques associés à l’obésité. Peut-être qu’une augmentation des niveaux d'insuline circulante ou des modifications du microbiote liées à l’obésité peuvent expliquer cette association ? Des études complémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents.

 

Pour en savoir plus :

Portugal B, Artaud F, Domenighetti C, Roze E, Degaey I, Canonico M, Elbaz A. Body Mass Index, Abdominal Adiposity, and Incidence of Parkinson Disease in French Women From the E3N Cohort Study. Neurology. Jan 2023, 100 (3) e324-e335. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36192171/

L’article scientifique est publié dans la revue Neurology