COVID-19 et tests sérologiques : analyses et résultats

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Juillet 2020

De mai à juillet, 25 000 participants de l’étude E3N-Générations (anciennement E3N-E4N) ayant répondu à plusieurs questionnaires sur le COVID-19 et le confinement ont reçu du matériel pour faire un test sérologique, dans le cadre de l’étude SAPRIS SERO. Comment leur prélèvement est-il analysé ? comment comprendre le résultat de ces tests ?

Le virus SARS-CoV-2 est responsable chez l'Homme d'une infection et dune maladie appelée COVID-19. La réponse immunitaire contre ce virus qui repose sur la production d’anticorps est encore très mal connue. Les scientifiques n’ont pas encore assez de recul pour estimer la quantité d’anticorps nécessaire pour protéger efficacement contre l'infection, ni la durée de persistance des anticorps neutralisants dans le corps.

Dans ce contexte actuel d’incertitudes, l’interprétation de vos résultats est difficile, mais sachez qu’ils aideront les chercheurs à mieux comprendre l’immunité enclenchée pour faire face à ce nouveau virus.

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Une analyse en deux temps

Afin d’obtenir un résultat fiable, les méthodes d’analyse de votre échantillon sanguin sont différentes de celles utilisées dans les laboratoires classiques. Deux méthodes ont été utilisées par le laboratoire de l’Unité des virus émergents (INSERM/Université d'Aix-Marseille/IRD) dirigé par le Pr Xavier de Lamballerie.

Le test ELISA

Le laboratoire a d’abord utilisé la technique simple et rapide dite « ELISA » sur tous les échantillons. Cette méthode — aussi réalisée dans les laboratoires commerciaux — recherche dans le sang la présence d'anticorps capables de reconnaître la protéine S, qui se trouve à la surface du virus et qui lui permet de s'accrocher aux cellules pour y rentrer et s'y multiplier.

Le test utilisé est le test Anti-SARS-CoV-2 ELISA IgG de la société Euroimmun. Selon le fabricant, sa sensibilité (10 jours après le début des symptômes ou une détection directe) est de 94,4 %. Sa spécificité est de 99,6 %.

Si le résultat dELISA est négatif, il y a une forte probabilité que la personne n'ait pas été infectée par le virus SARS-CoV-2.

Le test de « séroneutralisation »

Si le test ELISA est positif ou indéterminé, un second test dit de « séroneutralisation » est réalisé dans un laboratoire haute sécurité de « niveau P3 », avec des techniciens sous scaphandre. L’échantillon est mélangé avec le virus SARS-CoV-2 et des cellules. Si au bout de 5 jours, les cellules ne sont pas infectées, cela indique que l’échantillon contenait des anticorps capables de se fixer fortement au virus et de l'empêcher d'infecter les cellules. C’est ce qu’on appelle des anticorps « neutralisants ».

Si le résultat à ce test de « séroneutralisation » est positif, il est alors sûr à quasi 100 % que la personne a rencontré le virus SARS-CoV-2.

Que signifie une discordance entre les deux tests ?

Il arrive qu'un test dELISA soit positif et le test de « séroneutralisation » négatif. Cette situation est actuellement difficile à interpréter.

Ces résultats contradictoires peuvent être causés par des anticorps développés contre un autre coronavirus (par exemple ceux provoquant certains rhumes) qui reconnaissent aussi le virus SARS-CoV-2, doù le test ELISA positif. Mais ce coronavirus qui a déclenché la production de ces anticorps nétant pas le virus SARS-CoV-2 responsable de la maladie COVID-19, le test de séroneutralisation est négatif.

Pour d'autres personnes, il peut s'agir de la marque d'une authentique infection par le SARS-CoV-2. Les anticorps neutralisants ne sont pas détectés, soit parce que la personne n'en a jamais sécrétés, soit parce qu'elle les a perdus au cours du temps.

Les limites

Attention, la connaissance sur cette nouvelle maladie reste limitée et les tests sérologiques informent sur une infection passée, sans prédire une protection future.

Les scientifiques ne savent pas encore combien d’anticorps sont nécessaires pour protéger efficacement, ni même combien de temps ces anticorps persistent dans notre organisme.

Quels que soient vos résultats, mieux vaut ne pas modifier vos comportements de protection vis-à-vis du virus, pour vous-même comme pour les autres.