Les principaux cocktails de contaminants alimentaires

Contaminants alimentaires

Avril 2021

Les contaminants chimiques présents dans notre alimentation sont très nombreux et de nature variée. Il est possible de décrire la toxicité de chacun mais combinés, les contaminants peuvent avoir une toxicité amplifiée, supérieure à une simple addition de leur effet nocif respectif. C’est ce qu’on appelle l’effet cocktail. Pour conduire des recherches qui reflètent le risque réel des contaminants, il est donc nécessaire d’étudier la nocivité des mélanges de contaminants. Mais lesquels prioriser, parmi des combinaisons qui sont possibles jusqu’à l’infini ?

L’équipe E3N a récemment identifié et décrit les principaux cocktails chimiques auxquels les femmes E3N sont les plus souvent exposées par le biais de leur alimentation.

Méthode

Pour ce travail, les chercheurs ont élaboré une nouvelle base de données sur l’exposition aux contaminants alimentaires en croisant deux importantes sources : les données issues des questionnaires alimentaires remplis par les femmes E3N et des informations très précises de l’Anses sur 400 contaminants chimiques présents dans 200 aliments de base.

En croisant la consommation alimentaire des femmes E3N et la contamination moyenne de chaque aliment, les chercheurs ont calculé un niveau moyen d’exposition à différents contaminants. Sur cette base, ils ont utilisé une nouvelle approche statistique (sparse non-negative matrix under-approximation, SNMU) et ont ainsi identifié les mélanges auxquels les femmes E3N sont les plus fréquemment exposées par l’alimentation.

Identification de 8 principaux cocktails de contaminants

Les chercheurs ont établi que 83% des expositions aux contaminants étaient le fruit de 8 mélanges différents.

L’un d’eux représentait à lui tout seul 38% des expositions : il s’agit d’une combinaison de minéraux (chrome, zinc, fer), de contaminants inorganiques (plomb, cadmium) et de furane (un composé volatil organique incolore). Ce mélange de contaminants a été associé à la consommation d’abats, de légumes non racines et d’œufs.

Autres mélanges fréquents, le cocktail caractérisé par la présence de polychlorobiphényle, furane et retardateurs de flamme bromés ainsi que celui associant mercure et composés perfluorés ont été associés à la consommation de poissons et des produits de la mer.

Le mélange de contaminants riche en mycotoxines à quant à lui été associé à une forte consommation de céréales. Les mycotoxines sont des toxines produites par certains champignons. Elles entrent dans la chaîne alimentaire suite à une infestation des cultures céréalières et se retrouvent donc dans les produits à base de céréales comme le pain.

Enfin, comme attendu, les cocktails caractérisés par les pesticides ont été associés à la consommation de légumes et de fruits.

Perspectives

Ces nouveaux résultats ont une double utilité. D’abord, ils peuvent aider à prioriser les substances à considérer ensemble, en cocktail, lors de la réalisation d'études toxicologiques. Ensuite, ils serviront de base de travail pour étudier la relation entre l'exposition alimentaire aux cocktails chimiques et le risque de mortalité ou de maladies dans la cohorte E3N.

Avant de nous pencher sur les liens entre ces cocktails de contaminants et le risque de mortalité ou de maladies spécifiques, nous allons standardiser une méthodologie d’analyse. En effet, la difficulté réside dans le fait que toutes les femmes E3N sont exposées, à des niveaux différents, à tous ces cocktails de contaminants. Ainsi, nous devons au préalable identifier des profils exclusifs, permettant d’isoler l’effet sur la santé de chacun de ces cocktails.

Pour en savoir plus :

L’actualité Inserm : https://www.inserm.fr/actualites-et-evenements/actualites/contaminants-alimentaires-quel-est-risque-toxique-reel

L’article scientifique : Mancini FR, Frenoy P, Fiolet T, Fagherazzi G, Crépet A. Identification of chemical mixtures to which women are exposed through the diet: Results from the French E3N cohort. Environ Int. 2021 Mar 9;152:106467. doi: 10.1016/j.envint.2021.106467. Online ahead of print.

 

L'article scientifique sur Science Direct