Les influences contraires de la viande et du poisson sur le cancer colorectal

Viande_Poisson

La consommation de viande rouge pourrait augmenter le risque de cancer colorectal ; la consommation de poisson le réduire. Pour le savoir, 478 040 hommes et femmes des 10 pays de la cohorte EPIC dont 1 329 cas de cancer colorectal ont été pris en compte dans une nouvelle analyse.

Pour cette analyse, les viandes ont été groupées en trois catégories : viande rouge, charcuterie et volaille. La première comprend bœuf, veau, porc et agneau, qu'ils soient frais, hachés et/ou surgelés, la deuxième, principalement du porc et du bœuf ayant été conservés par salage (avec ou sans nitrite), fumage, marinage, séchage ou chauffage (jambon, bacon, saucisses, boudin noir, pâté de foie, saucisson sec, viande en conserve, corned beef, etc.). La volaille inclut principalement le poulet et la dinde frais, hachés et/ou surgelés. La catégorie poisson correspond aux poissons frais, gras, en boîte, salés et/ou fumés.

Des résultats confirmés

Le risque de cancer colorectal augmente avec la consommation de viande rouge et de charcuterie. La consommation de volailles est sans effet. Enfin, le risque diminue avec la consommation de poisson. Les risques sont similaires qu'il s'agisse du cancer du côlon ou du rectum.

Les gros consommateurs de viande et de charcuterie mangent moins de poisson, mais il a été vérifié que ces deux relations n'étaient pas expliquées l'une par l'autre. De même, les gros consommateurs de viande ou de charcuterie sont généralement plus faibles consommateurs de fibres, mais là encore, il a été vérifié que la relation entre viande et cancer colorectal existait indépendamment de l'apport en fibres.

Des raisons incertaines

Les mécanismes à l'origine du lien entre risque de cancer colorectal et consommation de viande rouge ou de charcuterie ne sont pas encore complètement élucidés. Quatre mécanismes ont été mis en avant.

Le premier concerne la forte teneur en fer de ces aliments ; la majeure partie n'est pas absorbée et se retrouve dans le côlon où des réactions chimiques peuvent se produire et créer des radicaux libres.

Le deuxième concerne la plus forte teneur de ces aliments en graisses saturées qui augmenteraient le risque de cancer colorectal ; la volaille contient plus de graisses mono insaturées qui n'auraient pas cet effet néfaste, et le poisson contient certaines graisses insaturées qui auraient un effet protecteur. Troisièmement, la cuisson à forte température (type grill ou barbecue) produirait des précurseurs de cancérogènes, qui peuvent être transformés en cancérogènes dans l'intestin.

Enfin, certains procédés de conservation des viandes transformées seraient également à l'origine de composés cancérogènes dans l'intestin.

Pour en savoir plus :

Norat T, Bingham S, Ferrari P, Slimani N, Jenab M, Mazuir M, Overvad K, Olsen A, Tjonneland A, Clavel F, Boutron-Ruault MC, et al. Meat, fish, and colorectal cancer risk: the European Prospective Investigation into cancer and nutrition. J Natl Cancer Inst. 2005;97(12):906-16.