L’alimentation joue sur le cancer du sein

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Les Françaises sont de plus en plus confrontées au risque de cancer du sein. Cette évolution est liée à notre mode de vie : nous avons des enfants tardivement, allaiter est moins fréquent, les premières règles sont plus précoces... L’alimentation jouerait aussi un rôle. Au Japon, elle serait en partie responsable de la forte augmentation des cas depuis les 50 dernières années, car l’alimentation s’occidentalise. Cependant, les études portant sur l’influence de l’alimentation sur le risque de cancer du sein sont peu nombreuses. La cohorte E3N a permis d’apporter sa pierre à l’édifice scientifique.

Les données E3N

Entre 1993 et 2005, 2 381 femmes de la cohorte ont développé un cancer du sein sur un total de 65 374 femmes ménopausées.

Grâce aux questionnaires sur l’alimentation, deux régimes alimentaires ont été étudiés. Le premier régime, "occidental", était caractérisé par la consommation de viandes, de frites, riz, pâtes, pommes de terre, œufs, beurre et de boissons alcoolisées... Le second régime, "méditerranéen", était centré autour des légumes, des fruits, des produits de la mer et de l’huile d’olive.

Une alimentation occidentale à éviter

L‘alimentation occidentale s’est révélée associée à une augmentation du risque de cancer du sein de 20 %. L’alcool, facteur de risque de cancer du sein reconnu, l’expliquait en partie, mais l’association persistait même après la prise en compte de ce paramètre. En y regardant de plus près, l’équipe E3N s’est cependant rendu compte que l’alimentation occidentale n’exerçait une influence que sur les cancers du sein exprimant des récepteurs aux œstrogènes et à la progestérone. Ce type d’alimentation influencerait ainsi le risque de cancer par le biais de mécanismes hormonaux.

Deuxième observation des chercheurs : éviter une alimentation occidentale ne serait bénéfique que pour les femmes minces ou de poids normal. Chez les femmes en surpoids, qui ont un risque plus élevé de développer un cancer du sein après la ménopause, manger un peu, beaucoup, passionnément, à la mode occidentale n’aurait aucune influence. Maigrir serait bien plus important que modifier son type d’alimentation. Même si les deux peuvent être liés.

Pour une alimentation méditerranéenne stricte

Quant à l’alimentation méditerranéenne, si elle est associée à une diminution du risque de cancer du sein, cela n’est vrai que pour les femmes consommant quotidiennement moins de 2 000 calories. Le risque est alors diminué de 25 %. Une femme mangeant cinq fruits et légumes par jour, mais qui agrémente son avocat de mayonnaise, ou qui marie son blé complet avec une entrecôte, n’est pas « protégée » par l’alimentation méditerranéenne. Seule une alimentation méditerranéenne stricte aurait des vertus contre le cancer du sein.

Les travaux de l’équipe E3N ne permettent pas de rattacher l’effet protecteur de l’alimentation méditerranéenne à un aliment ou un nutriment en particulier, mais montrent plutôt que c’est l’équilibre global de l’alimentation qui intervient. L’important serait de manger régulièrement des fruits, des légumes, de l’huile d’olive, peu de viande, peu d’aliments industriels… Le tout, sans à-coups en respectant équilibre et régularité.

Pour en savoir plus :

Cottet V, Touvier M, Fournier A, Touillaud MS, Lafay L, Clavel-Chapelon F, Boutron-Ruault MC. Postmenopausal breast cancer risk and dietary patterns in the E3N-EPIC prospective cohort study. Am J Epidemiol. 2009 Nov 15;170(10):1257-67.