L’alcool, dangereux à plus d’un titre

VinRouge

 

L’alcool est aujourd’hui clairement identifié comme facteur de risque de cancer du sein.

La consommation d’alcool en France a diminué de moitié depuis 1960, pour passer de 25 litres d’alcool pur par adulte et par an, en moyenne, à environ 13 litres. Cette courbe descendante s’est stabilisée au début des années 2000. Mais, selon l’OMS, 1 % des femmes meurent encore à cause de l’alcool en France. Si les méfaits de la boisson sont bien connus vis-à-vis des cancers de la bouche, du pharynx, du larynx, de l’œsophage et du foie, l’impact du vin, de la bière et autres spiritueux l’est moins pour d’autres maladies, comme le cancer du sein. Pourtant, de nombreuses études scientifiques ont aujourd’hui clairement identifié l’alcool comme facteur de risque de ce cancer.

Le sur-risque dépend du type d’alcool et de l’âge

Une enquête menée sur les femmes de la cohorte E3N a permis de confirmer la relation entre alcool et cancer du sein, et de l’affiner.

38 % des femmes de la cohorte déclaraient consommer au moins un verre de boisson alcoolisée par jour. 12 % d’entre elles ne buvaient jamais d’alcool. L’étude montrait que le risque des femmes consommant au moins un verre par jour en moyenne augmentait par rapport au risque des non-buveuses. Après la ménopause, ce risque augmentait de 22 % pour les grandes consommatrices par rapport à celles qui ne buvaient pas du tout. De plus, ce sur-risque était linéaire et augmentait de 4 % pour chaque verre supplémentaire.

Mais les résultats différaient suivant le type d’alcool. En effet, le sur-risque était confirmé pour toutes les consommatrices de bière ou de cidre, tandis qu’il apparaissait pour les femmes consommant du vin uniquement si elles étaient ménopausées. A contrario, la consommation d’alcools forts (whisky, gin, vodka…) à fortes doses n’avait pas d’impact pour les femmes ménopausées, mais induisait un sur-risque avant la ménopause. En outre, aucune association n’était mise en évidence avec la consommation d’apéritifs (Muscat, Porto, Vermouth, …), que ce soit avant ou après la ménopause.

Le risque augmente pour les femmes en surpoids

À noter que l’augmentation du risque lié à de fortes consommations était davantage marquée pour les femmes en surpoids, c’est-à-dire celles ayant un IMC supérieur à 25 kg/m2.

Le risque diffère selon le type de récepteurs hormonaux de la tumeur

Dernier facteur analysé : le risque selon le type de récepteurs hormonaux de la tumeur. Les chercheurs ont observé que la relation entre cancer du sein et alcool ne se retrouvait que pour les tumeurs présentant des récepteurs hormonaux positifs aux œstrogènes et à la progestérone.

Quels mécanismes biologiques seraient à l’origine du sur-risque lié à l’alcool ?

Les scientifiques avancent plusieurs hypothèses. Parmi elles, la consommation d’alcool augmenterait la production d’œstrogènes. L’alcool agirait également en augmentant la densité mammaire, qui est un facteur de risque de cancer du sein. Enfin, l’alcool pourrait faciliter la pénétration des agents cancéreux dans les cellules ou bien inhiber leur détoxification. Des pistes que les chercheurs sont en train d’explorer.

Pour en savoir plus :

Fagherazzi G, Vilier A, Boutron-Ruault MC, Mesrine S, Clavel-Chapelon F. Alcohol consumption and breast cancer risk subtypes in the E3N-EPIC cohort. Eur J Cancer Prev. 2015 May;24(3):209-14.