Folates et risque de cancer du sein après la ménopause

Epinards

Une consommation adéquate de folates semble être importante pour la prévention du cancer du sein. Cependant, l’effet des folates peut être influencé par des facteurs associés à leur métabolisme. L’équipe E3N a cherché à évaluer la consommation de folates en relation avec le risque de cancer du sein et a examiné si son influence pouvait être affectée par d’autres facteurs alimentaires.

État de la recherche sur les folates

La recherche expérimentale et épidémiologique a déjà montré qu’une faible consommation de folates (forme naturelle de la vitamine B, proche de l’acide folique qui en est la forme artificielle synthétique) peut augmenter le risque de cancer du sein. Un statut folique diminué peut, entre autres, perturber la synthèse d’ADN ou l’expression de gènes par le biais d’un défaut de méthylation de l’ADN. Le métabolisme optimal des folates nécessite la présence en quantité suffisante d’autres micronutriments tels que les vitamines B2, B6 et B12, et peut être perturbé par l’alcool.

Plusieurs études épidémiologiques prospectives ont suggéré que le risque de cancer du sein chez les femmes qui consomment de l’alcool peut être réduit par une consommation adéquate en folates, et deux études cas-témoins ont montré que cet effet protecteur nécessite également un apport approprié de vitamine B12.

Les chercheurs de l’équipe E3N ont donc mené une analyse prospective pour évaluer la relation entre le niveau de consommation de folates et le risque de cancer du sein et ont recherché si cette relation pouvait être modifiée par la consommation d’alcool et de vitamines B2, B6 et B12. Pour cette analyse, les données de 62 739 femmes ménopausées, dont 1 812 ont eu un cancer du sein, ont été étudiées.

Un risque décroissant avec un apport croissant en folates

L’apport médian en folates dans la cohorte E3N était de 393 microgrammes par jour (μg/j). Les femmes consommant le plus de folates (apport médian >520 μg/j) avaient un risque de cancer du sein après la ménopause réduit de 22 %, comparées aux femmes en consommant le moins (apport médian <300 μg/j).

Les principaux aliments participant à l’apport en folates chez ces femmes étaient la laitue, les épinards et le potage de légumes. D’une façon générale, les folates se trouvent essentiellement dans les légumes à feuilles, les légumes verts, les légumes secs (lentilles…), les fruits, le jaune d’œuf et les graines (noix, amandes, châtaignes, pois chiches…). 

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Composition en folates de quelques aliments

Une portion moyenne de légumes cuits (épinards, haricots verts…) ou de légumes secs cuits (haricots blancs, lentilles…) est de 200 g ; une portion moyenne de salade verte (laitue, cresson, mâche…) est de 40 g ; une portion moyenne de foie est de 150 g. Le poids d’un jaune d’œuf est d’environ 35 g.

Les effets combinés des folates avec l’alcool et avec les vitamines B2, B6 et B12 ont été examinés vis-à-vis du risque de cancer du sein, mais aucun effet n’a été mis en évidence dans la cohorte E3N. Nous ne pouvons donc pas de conclure si les folates seraient davantage bénéfiques pour certaines personnes que pour d’autres.

L’alcool, toujours un danger

La consommation d’alcool, quant à elle, était associée à un risque accru de cancer du sein. Ce résultat est déjà bien connu et a donc été retrouvé de façon cohérente dans l’étude E3N. Le risque de cancer du sein était augmenté de 62 % chez les femmes consommant au moins 6 g d’alcool par jour (soit environ une boisson alcoolisée) comparées aux femmes n’en consommant pas du tout.

Conclusion

Une alimentation riche en folates semble réduire le risque de cancer du sein chez les femmes ménopausées. D’autres études sont nécessaires pour déterminer si la réduction est plus marquée chez les femmes ayant des apports adéquats en d’autres vitamines et chez les femmes à risque plus élevé de cancer du sein du fait qu’elles consomment plus d’une boisson alcoolisée par jour.

Pour en savoir plus :

Lajous M, Romieu I, Sabia S, Boutron-Ruault MC, Clavel-Chapelon F. Folate, vitamin B(12) and postmenopausal breast cancer in a prospective study of French women. Cancer Causes Control. 2006;17(9):1209-13.