Compléments alimentaires à base d’isoflavones de soja et risque de cancer du sein
Les compléments alimentaires à base d’isoflavones de soja sont présentés comme des alternatives naturelles au traitement hormonal de la ménopause. Toutefois, leurs effets potentiels sur le risque de cancer du sein restent mal connus.
Une étude E3N menée en 2018 s’est penchée sur cette question. L’étude a porté sur 76 442 femmes de la cohorte âgées de plus de 50 ans et suivies entre 2000 et 2011. La consommation de compléments alimentaires à base d’isoflavones de soja de ces femmes était évaluée tous les 3 ans. Au cours du suivi, 3 608 cas incidents de cancer du sein ont été dénombrés, dont 360 cas identifiés chez des femmes ayant consommé des compléments alimentaires à base d’isoflavones de soja.
Une analyse fine a fait émerger les associations suivantes :
Le risque de cancer du sein ER+ (c’est-à-dire avec récepteurs aux œstrogènes) était réduit de 22 % chez les femmes consommant ces compléments alimentaires par rapport à celles n’en ayant jamais pris.
A l’inverse, le risque de cancer du sein ER- (c’est-à-dire sans récepteurs aux œstrogènes) était doublé chez les consommatrices d’isoflavones de soja par rapport aux non consommatrices. Le risque de cancer du sein ER- était même quadruplé chez les femmes avec un antécédent familial de cancer du sein (parente de premier degré).
Les auteurs ont également constaté des effets différents en fonction du statut ménopausique des femmes, suggérant un effet protecteur (vis-à-vis du risque de cancer du sein) de la consommation de compléments alimentaires à base d’isoflavones de soja chez les femmes non encore ménopausées.
Les compléments alimentaires à base d’isoflavones de soja pourraient avoir un effet protecteur vis-à-vis des cancers du sein ER+ par une action anti-estrogénique des isoflavones qui entrent en compétition avec les estrogènes pour fixer les récepteurs ERalpha, lorsque la concentration en estrogènes est importante, comme en préménopause. Le doublement du risque de cancer du sein ER- observé dans l’étude pourrait impliquer d’autres mécanismes biologiques faisant par exemple intervenir les récepteurs membranaires aux estrogènes couplés aux protéines G (RCPG), pour lesquels les isoflavones de soja ont une forte affinité.
Les auteurs estiment que ces résultats, complexes, devraient être complétés par de nouvelles investigations. Ils conseillent toutefois aux femmes à risque élevé de cancer du sein d’éviter de consommer ces compléments alimentaires à base d’isoflavones de soja.
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