Des risques différents de cancer de l’ovaire selon le THM

Menopause_THM

L’association entre la prise de traitements hormonaux de la ménopause (THM) et le risque de cancer du sein ou de l’endomètre est bien établie, en revanche le risque vis-à-vis du cancer de l’ovaire est moins clair. En effet, si les études réalisées jusqu’à présent tendent à montrer que la prise de THM est associée à une augmentation du risque de cancer de l’ovaire, il est possible que, selon leur composition, les différents traitements hormonaux de la ménopause existants n’affectent pas ce risque de la même façon.

Méthodologie

Des chercheurs de l’équipe Exposome et Hérédité ont exploré cette question à partir des données de l’étude prospective E3N.

Au total 75 606 femmes ménopausées ont été incluses dans cette étude. Au cours du suivi (1992-2014), 416 femmes ont été diagnostiquées d’un cancer primaire de l’ovaire.

Les informations sur l’utilisation de traitements hormonaux de ces femmes ont été recueillies grâce aux auto-questionnaires qu’elles ont complétés entre 1992 et 2004, puis grâce aux données partagées par leur mutuelle (MGEN) sur les médicaments qui leur ont été remboursés entre 2004 et 2014.

Parmi les femmes E3N de cette étude, 31 % n’avaient jamais utilisé de THM, 67 % en avaient déjà pris et 2 % ne savaient pas si elles en avaient pris ou non. Parmi les utilisatrices de THM, 25 % avaient pris des œstrogènes seuls, 61 % des œstrogènes associés à de la progestérone micronisée ou à son isomère, la dydrogestérone, et 61 % des œstrogènes combinés à un autre progestatif.

Résultats

Les résultats de cette étude E3N confirment que les effets des THM sont différents selon leur composition.

Aucune association n’a été trouvée entre les THM contenant uniquement des œstrogènes et le risque de cancer de l’ovaire.

En revanche, comparées aux femmes non traitées, celles prenant des estrogènes associés à de la progestérone ou de la dydrogestérone présentaient un risque plus élevé (+ 28 %) de cancer de l’ovaire ; ce sur-risque diminuait avec le temps écoulé depuis la dernière utilisation de cette combinaison de THM.

Autre résultat important : comparées aux femmes non traitées, celles prenant des estrogènes associés à d’autres progestatifs présentaient un risque diminué (-19 %) de cancer de l’ovaire.

Conclusion

L’ensemble des résultats de la cohorte E3N sur les THM montrent donc que les combinaisons d’estrogènes et de progestérone / dydrogestérone, qui constituent les types de THM les plus utilisés en France, ont un profil plus favorable vis-à-vis du risque de cancer du sein que les autres associations estroprogestatives, mais qu’elles présentent un sur-risque de cancer de l’endomètre et de l’ovaire.

Pour en savoir plus :

Fournier A, Cairat M, Severi G, Gunter MJ, Rinaldi S, Dossus L. Use of menopausal hormone therapy and ovarian cancer risk in a French cohort study. J Natl Cancer Inst2023 Jun 8;115(6):671-679.

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