Cancer du sein et médicaments anti-inflammatoires type ibuprofène
Nous connaissons ou connaitrons tous une femme atteinte de cancer du sein. En effet, au cours de sa vie 1 femme sur 8 développera cette pathologie. Actuellement, plus de la moitié des cas de cancer du sein sont inévitables mais certains comportements, liés à notre mode de vie, sont de nature à réduire le risque de développer ce cancer.
Des chercheurs du monde entier tentent de mieux comprendre cette maladie et d’identifier de nouvelles stratégies pour prévenir son apparition. Certains d’entre eux postulent que l’inflammation présente dans notre organisme pourrait être impliquée dans l’émergence du cancer du sein. L’inflammation est une réaction de défense naturelle de l’organisme à la suite d’une agression, que ce soit une infection ou une blessure. Des messagers inflammatoires sont secrétés par les cellules sentinelles qui patrouillent partout dans notre corps dans le but d’éliminer un corps étranger. L’inflammation est, dans ce cas, indispensable à notre survie. Mais l’inflammation peut aussi s’installer silencieusement, par exemple chez les personnes en surpoids ou obèses. Des signaux anodins sont alors perçus comme des signaux d’alarme et les cellules sentinelles activent l’inflammation doucement mais continuellement. Une inflammation qui perdure des années pourrait être à l’origine de certains cancers dont le cancer du sein.
Pour cette raison, les médicaments ciblant l’inflammation, notamment les anti-inflammatoires non stéroïdiens incluant l’ibuprofène, ont longtemps été étudiés comme stratégie potentielle de prévention du cancer. Leur efficacité dans le cadre du cancer du sein n’a toujours pas été établie.
L’équipe Exposome et Hérédité, en collaboration avec des collègues du Centre International de Recherche sur le Cancer, s’est penchée sur le sujet. Ensemble, ils ont analysé les données de 62 000 femmes de la cohorte E3N âgées de plus de 50 ans pour lesquelles des données de remboursement de médicaments étaient disponibles. Les résultats de cette étude indiquent que les anti-inflammatoires non stéroïdiens pourraient légèrement diminuer le risque de cancer du sein, mais uniquement si leur utilisation a été précédée par une utilisation d’inhibiteurs de la pompe à protons. Les inhibiteurs de la pompe à protons, groupe de médicaments réduisant l’acidité gastrique, pourraient hypothétiquement apporter des changements à l’intérieur de l’appareil digestif permettant aux anti-inflammatoires non stéroïdiens d’avoir un léger effet protecteur vis-à-vis du risque de cancer du sein. Cependant, ce résultat est nouveau, inattendu et, comme tout nouveau résultat épidémiologique, il doit être confirmé par d’autres études.
À ce jour, la meilleure façon de réduire son risque de cancer du sein est d’éviter de consommer de l’alcool, d’être physiquement actif, de maintenir un poids de forme et, si possible, d’allaiter. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens ne doivent pas être utilisés en dehors des recommandations médicales.
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