Cancer du sein et consommation alimentaire de phyto-estrogènes

Soja

La consommation alimentaire de phyto-estrogènes pourrait avoir des effets sur le risque de cancer du sein. L’équipe E3N s’est penchée sur leur influence potentielle avant et après la ménopause.

Les phyto-estrogènes

Les phyto-estrogènes se trouvent naturellement dans tous les aliments d’origine végétale. Du fait d’une structure chimique similaire à celle des estrogènes, ils ont été suspectés d’être responsables de l’incidence moindre du cancer du sein en Asie comparée aux pays occidentaux. Les phyto-estrogènes sont en effet présents en abondance sous forme d'isoflavones dans le soja, un aliment largement consommé en Asie. Ils existent aussi sous forme de lignanes dans les fruits, légumes et céréales complètes.

Les études qui ont porté sur l’association entre les isoflavones de soja et le risque de cancer du sein n’ont pas été concluantes, peut-être parce que les niveaux de consommation dans ces études, conduites pour la plupart dans des pays occidentaux, étaient trop faibles (100 à 1 000 fois moins élevés que dans les pays asiatiques).

La consommation de phyto-estrogènes sous forme de compléments alimentaires chez les femmes occidentales permettrait d’atteindre la consommation asiatique d’isoflavones (égale à quelques dizaines de milligrammes par jour), mais elle n’est aujourd’hui pas recommandée dans la mesure où l’innocuité de ces compléments n’a pas encore été démontrée.

Les lignanes pourraient donc être plus adaptés à la prévention du cancer du sein dans les pays occidentaux. Pour clarifier leur influence sur le cancer du sein, deux études ont été menées dans la cohorte E3N. L’une portait sur le risque de cancer du sein avant la ménopause et l’autre après la ménopause. Dans ces deux études, les lignanes provenaient principalement des fruits et légumes, du thé, des céréales, du café et des boissons alcoolisées.

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Aucun bénéfice avant la ménopause

La première étude a porté sur les 26 868 femmes non encore ménopausées et ne consommant pas de compléments alimentaires en phyto-estrogènes. Parmi ces femmes, 402 cas de cancer du sein invasif ont été diagnostiqués entre la date de remplissage du questionnaire alimentaire (1993-1995) et 2002. Aucune relation n’a été mise en évidence entre le risque de cancer du sein pré-ménopausique et l’apport alimentaire en lignanes.

Un risque de cancer du sein réduit après la ménopause selon la consommation de lignanes

La seconde étude a porté sur 58 049 femmes ménopausées ne prenant pas de compléments alimentaires en phyto-estrogènes, parmi lesquelles 1 469 femmes ont eu un diagnostic de cancer du sein invasif entre 1993-1995 et 2002. Comparées aux femmes consommant le moins de lignanes (<0,9 milligrammes par jour), les femmes en consommant le plus (>1,4 mg/j) présentaient une réduction du risque de cancer du sein post-ménopausique de près de 20 % (risque relatif = 0,83). Cette diminution du risque était surtout manifeste vis-à-vis des tumeurs exprimant les récepteurs hormonaux aux estrogènes ou à la progestérone.

Ceci est un résultat important pour les politiques de santé publique, car la majorité des cancers du sein sont des cancers exprimant les récepteurs hormonaux.

Conclusion

La consommation alimentaire de lignanes après la ménopause pourrait jouer un rôle bénéfique dans la baisse du risque de cancer du sein. Au vu de ces résultats épidémiologiques, la recommandation faite aux femmes de largement consommer des fruits, légumes et céréales complètes doit être poursuivie. On sait en effet qu’un régime équilibré et riche en fruits et légumes est bénéfique pour la santé.

Pour en savoir plus :

Touillaud MS, Thiebaut AC, Niravong M, Boutron-Ruault MC, Clavel-Chapelon F. No Association between Dietary Phytoestrogens and Risk of Premenopausal Breast Cancer in a French Cohort Study. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev. 2006 Dec;15:2574-6.

Touillaud MS, Thiebaut AC, Fournier A, Niravong M, Boutron-Ruault MC, Clavel-Chapelon F. Dietary lignan intake and postmenopausal breast cancer risk by estrogen and progesterone receptor status. J Natl Cancer Inst. 2007;99:475-86.