Aliments d’origine végétale sains ou malsains et cancer du sein

legumes

Contexte

Le cancer du sein est un défi mondial de santé publique. En effet, le nombre de cancers du sein est en constante augmentation, et, d'ici 2040, les projections annoncent plus de 3 millions de nouveaux cas chaque année. Plusieurs facteurs de risque de ce cancer sont déjà bien identifiés, comme les antécédents familiaux, des facteurs liés à la reproduction, et d’autres, liés au mode de vie. Une alimentation malsaine est fortement suspectée d’augmenter le risque de cancer du sein.

De précédentes études sur l'association entre le régime végétarien et le cancer du sein ont abouti à des résultats contradictoires. La plupart de ces études ont défini le régime végétarien comme un régime excluant totalement certains groupes d'aliments d'origine animale.

Une nouvelle classification des aliments d’origine végétale

Partant du principe que la qualité des aliments n'est pas équivalente dans tous les types de régime végétarien, une nouvelle classification a été développée pour distinguer les aliments d'origine végétale dits "sains" de ceux dits "malsains". En effet, certains aliments d'origine végétale, comme les céréales raffinées ou les pommes de terre, ne sont pas associés à la bonne santé.

Pour refléter cette diversité qualitative des aliments d'origine végétale, deux indices ont été élaborés :

- un indice de l'alimentation végétale dite « saine », comprenant les céréales complètes, les fruits, les légumes, les fruits à coque, les légumineuses, les huiles végétales, le thé et le café,

- un indice de l'alimentation végétale dite « malsaine », comprenant les jus de fruits, les céréales raffinées, les pommes de terre, les boissons sucrées, les sucreries et les desserts.

Ces deux indices n’excluent pas totalement la consommation d'aliments d'origine animale, mais les graisses animales, les produits laitiers, les œufs, le poisson et la viande sont consommés en faible quantité.

Une étude menée au sein de la cohorte E3N

A partir des données de 65 574 femmes ménopausées de l’étude E3N, des chercheurs de l’équipe ont cherché à voir si les risques de cancer du sein étaient différents selon cette nouvelle classification qualitative des aliments d’origine végétale.

Ces femmes E3N avaient en moyenne 52 ans en 1993, année de début de cette étude, et elles étaient indemnes de cancer. Elles ont auto-déclaré leurs apports alimentaires au moment de l’inclusion et une fois au cours des 21 ans du suivi.

Tout d’abord, les femmes E3N ont été caractérisées en fonction de leur consommation de dix-huit groupes d’aliments. Ensuite, pour chaque participante, les chercheurs ont calculé leurs scores « d’alimentation végétale saine » et « d’alimentation végétale malsaine » en utilisant des groupes alimentaires qui étaient les plus caractéristiques et les moins caractéristiques de ces indices. Plus un score était élevé, plus il reflétait une adhésion au régime végétal considéré : "sain" ou "malsain".

Au cours du suivi, 3 968 participantes ont développé un cancer du sein. Les chercheurs ont comparé les risques de développer un cancer du sein selon que l’adhésion à ces deux régimes alimentaires était faible ou forte.

Résultats

Les femmes qui avaient une adhésion élevée au régime végétal sain présentaient un risque de cancer du sein diminué de 14% par rapport aux femmes qui avaient une faible adhésion à ce régime alimentaire. De manière symétrique, les femmes qui avaient une adhésion élevée au régime végétal malsain présentaient un risque de cancer du sein augmenté de 20% par rapport aux femmes qui avaient une faible adhésion à ce régime alimentaire. Cette tendance a été observée pour tous les sous-types de cancer du sein.

Pour obtenir ces résultats, les chercheurs ont bien pris en compte l’influence déjà connue des facteurs de risque tels que l'activité physique, le recours aux traitements hormonaux de la ménopause, le fait d’avoir des enfants, les antécédents familiaux de cancer du sein, etc.

Conclusion

Les aliments d’origine végétale ayant une bonne qualité nutritionnelle semblent donc diminuer le risque de cancer du sein après la ménopause. Ces résultats permettent de mieux cerner le rôle des différents régimes alimentaires dans la pathogenèse du cancer du sein. D'autres études sont cependant nécessaires pour comprendre les mécanismes sous-jacents et identifier des facteurs qui pourraient modifier ou atténuer ces associations.

 

Référence bibliographique :

Shah S, Mahamat-Saleh Y, Ait-Hadad W, Koemel NA, Varraso R, Boutron-Ruault MC, Laouali N. Long-term adherence to healthful and unhealthful plant-based diets and breast cancer risk overall and by hormone receptor and histologic subtypes among postmenopausal females. Am J Clin Nutr. 2023 Mar;117(3):467-476.

 

L’article scientifique est sur l’American Journal of Clinical Nutrition