La consommation d’alcool augmente le risque de cancer du pancréas

Licence Adobe Stock. Photo de Pormezz.
Alcool et risque de cancer
La consommation d’alcool est classée par l’Organisation Mondiale de la Santé comme cancérogène pour l’être humain. De nombreuses études scientifiques ont prouvé que consommer de l’alcool augmente le risque de développer des cancers des voies aérodigestives supérieures (nez, bouche, gorge), de l’œsophage, de l’estomac, du foie, du côlon-rectum et du sein. Jusqu’à présent, les preuves d’un lien spécifique avec le cancer du pancréas étaient non concluantes.
Une étude collaborative mondiale sur le cancer du pancréas
Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) et l’école de Santé Publique de Harvard ont coordonné une vaste étude collaborative, regroupant trente cohortes prospectives réparties sur quatre continents : l’Asie, l’Australie, l’Europe et l’Amérique du Nord. Les données de près de 2,5 millions de participantes et participants ont été rassemblées. La cohorte européenne EPIC, dont les femmes de la première génération de la cohorte E3N-Générations font partie, a participé à ce consortium de recherche.
Au début de l’étude, les participants, âgés d’environ 57 ans, étaient tous indemnes de cancer. Leur consommation d’alcool a été évaluée par questionnaire et traduite en grammes d’alcool pur (= éthanol) par jour, sachant qu’un verre d’alcool standard de vin, de bière ou de liqueur/spiritueux (= alcools forts) contient 15 grammes d’éthanol. Après un suivi médian de 16 années, 10 067 cas de cancer du pancréas ont été comptabilisés.
Résultats
Les résultats ont montré que le risque de cancer du pancréas augmente de manière continue avec l’augmentation de la consommation d’alcool et cela indépendamment du sexe des participants.
Pour les femmes, le risque augmente dès un verre par jour : les femmes buvant 1 à 2 verres d’alcool (15 à 30 g d’éthanol) par jour avaient un risque augmenté de 12 % de développer un cancer du pancréas par rapport à celles consommant peu d’alcool (0,1 à 5 g d’éthanol par jour, soit environ un verre d’alcool par semaine).
Pour les hommes, le risque augmente à partir de deux verres par jour : les hommes buvant 2 à 4 verres d’alcool (30 à 60 g d’éthanol) par jour avaient un risque augmenté de 15 % de développer un cancer du pancréas par rapport à ceux consommant peu d’alcool. Les hommes consommant davantage d’alcool que les femmes, leur risque continue de s’accentuer : ceux buvant plus de 4 verres par jour avaient un risque augmenté de 36 % de cancer du pancréas.
Cette association entre alcool et risque de cancer du pancréas était observée même chez les personnes n’ayant jamais fumé, ce qui indique que la consommation d’alcool est un facteur de risque indépendant pour ce cancer.
En distinguant les types de boissons alcoolisées, les résultats ont montré que les consommations de bière et de liqueurs/spiritueux seraient plus délétères que la consommation de vin. Ce contraste pourrait s’expliquer par les profils socio-économiques différents des consommateurs de chaque type de boisson alcoolisée, ainsi que par les volumes dans lesquels ils sont habituellement consommés.
Mieux vaut limiter sa consommation d’alcool
Cette étude comporte certaines limites. D’abord, l’auto-déclaration de la consommation d’alcool est souvent sous-estimée, en particulier chez les personnes buvant en grande quantité. Ensuite, cette étude ne prend pas en compte la consommation des participants tout au long de leur vie, et notamment au début de l’âge adulte, une période qui peut être décisive. Enfin, l’impact des consommations excessives mais ponctuelles d’alcool type « binge drinking » n’a pas pu être évalué, faute de données spécifiques.
Malgré les améliorations que l’on pourrait y apporter, cette étude, qui s’appuie sur les données d’un nombre de participants sans précédent, a permis d’obtenir des résultats robustes. Bien que le cancer du pancréas soit relativement rare (12e cancer en termes de fréquence dans le monde), il est particulièrement létal car souvent diagnostiqué à un stade avancé. À ce jour, 5 ans après le diagnostic, son taux de survie est inférieur à 10 %.
Cette étude apporte une pierre supplémentaire à l’édifice des messages de santé publique sur les risques liés à la consommation d’alcool. En limiter sa consommation permettrait de prévenir l’apparition de certains cancers, dont celui du pancréas.
Pour en savoir plus :
Télécharger l’article scientifique publié dans PLoS Medecine (en anglais) :
Lire le communiqué de presse du CIRC (en anglais) :
https://www.iarc.who.int/wp-content/uploads/2025/05/QA-pr366_E.pdf