Survie après cancer du sein et obésité

obesite

Si le cancer du sein se soigne de mieux en mieux, plus de 54 000 nouveaux cas annuels sont diagnostiqués et le risque de récidive plusieurs années après le traitement existe bel et bien. Sur dix femmes ayant eu un cancer du sein, deux décèderont à cause de leur maladie dans les dix ans. Mais le pronostic est très différent d’une femme à l’autre. Car le cancer du sein est multifactoriel et a plusieurs visages. Pourrait-on identifier les femmes qui ont le risque le plus élevé, pour une meilleure surveillance et des soins plus personnalisés ? Et surtout, pourrait-on agir sur certains comportements afin d’améliorer la survie ? Pour répondre, nous nous sommes penchés sur un facteur dont on connaît bien l’influence sur le risque de développer un premier cancer du sein : l’obésité.

Une question de silhouette…

L’obésité chez des femmes qui ont eu un cancer du sein serait associée à une moins bonne survie, c’est-à-dire un plus grand risque de récidive ou de décès. Soit, mais l’obésité, souvent résumée à un indice de masse corporel (IMC) élevé, correspond à une accumulation excessive de graisse qui peut être bien différente d’une femme à l’autre : un stockage de graisse préférentiellement sur les hanches ou bien réparti sur le corps entier par exemple. Ces différences peuvent-elles être à l’origine d’un pronostic différent sur la survie ? Les résultats E3N suggèrent que c’est le cas. Nous avons observé que les femmes qui ont un tour de hanches élevé ont un risque augmenté de récidive et de décès comparées à celles qui ont un tour de hanche moindre, à IMC équivalent.

Il est donc nécessaire d’aller au-delà de l’IMC pour caractériser l’obésité dans les études épidémiologiques afin de mieux comprendre les mécanismes mis en jeu et différencier les types d’obésité.

… et d’histoire

Les études ont permis d’affiner ce résultat. On peut se questionner sur la relation entre l’évolution du poids dans la vie d’une femme et son risque de récidive. On soupçonne que, même si l’obésité à l’âge adulte augmente le risque de cancer du sein après la ménopause, les femmes de corpulence élevée à la puberté ont un risque moindre de cancer du sein à l’âge adulte. Qu’en est-il concernant la survie ? Nous nous sommes basés sur une échelle de silhouette (8 dessins présents dans le premier questionnaire) à 8 ans, à la puberté, à 20-25 ans et à 35-40 ans. Une approche statistique innovante a permis d’identifier des groupes de femmes ayant des trajectoires d’évolution similaires. Comparées aux femmes de corpulence stable et mince, celles de corpulence constamment élevée ou dont la corpulence a le plus augmenté à l’âge adulte ont un risque accru de récidive et de décès. Ceci souligne l’importance de considérer non seulement l’obésité adulte, mais aussi l’historique d’évolution de la silhouette dans l’évaluation du pronostic.

Pour en savoir plus :

His M, Fagherazzi G, Mesrine S, Boutron-Ruault MC, Clavel-Chapelon F, Dossus L. Pre-diagnostic body size and breast cancer survival in the E3N cohort study. Int J Cancer. 2016 Sep 1;139(5):1053-64.

His M, Le Guélennec M, Mesrine S, Boutron-Ruault MC, Clavel-Chapelon F, Fagherazzi G, Dossus L. Life course evolution of body size and breast cancer survival in the E3N cohort. Int J Cancer. 2018 Apr 15;142(8):1542-1553.