Régime méditerranéen et cancers cutanés

Cuisine mediterrannéenne

Des chercheurs ont suspecté les antioxydants (comme les caroténoïdes, la vitamine A, C et E) d’empêcher les effets néfastes de l’exposition solaire et de réduire ainsi le risque de cancers de la peau. De précédentes études, aux résultats parfois contradictoires, ont étudié la relation entre certains groupes d’aliments riches en antioxydants ou certains composants de l’alimentation méditerranéenne, et le risque de cancers de la peau, mais aucune étude de cohorte n’avait encore étudié l’adhésion au régime méditerranéen dans sa globalité et le risque de cancers de la peau.

Méthodologie

L’étude E3N s’est attaquée à la question. Les femmes E3N ont détaillé leurs habitudes de consommation alimentaire dans deux longs questionnaires livrant des informations sur plus de 200 aliments. À partir de ces données, un score reflétant l’adhésion à l’alimentation méditerranéenne a été évalué pour chaque participante. Ce score est basé sur 6 aliments fréquemment consommés dans l’alimentation méditerranéenne (fruits, légumes, légumes secs, produits céréaliers, poissons, huile d’olive) et 3 moins fréquemment consommés (viandes, produits laitiers, alcool). Les participantes E3N ont été classées par tertile, en fonction de leur score d’adhésion au régime méditerranéen : 0-3 pour une faible adhésion, 4-5 pour une adhésion moyenne et 6-9 pour une forte adhésion.

À la fin du suivi en 2008, sur les 67 332 femmes E3N incluses dans cette étude, 2 174 avaient développé un cancer de la peau (404 mélanomes, 1 367 carcinomes basocellulaires et 232 carcinomes épidermoïdes).

Principaux résultats

Les femmes qui présentaient le score d’adhésion le plus élevé avaient un risque de cancers cutanés réduit de 17 % par rapport à celles qui présentaient le faible score d’adhésion. Chaque augmentation d’une unité dans le score d’alimentation méditerranéenne diminuait le risque de cancers cutanés de 4 %.

Les analyses par type de cancers cutanés ont révélé que l’association était plus marquée pour le mélanome, le plus mortel des cancers de la peau (risque réduit de 28 %) et pour les carcinomes basocellulaires (risque réduit de 23 %). En revanche, le score d’adhésion n’était pas associé au risque de carcinomes épidermoïdes.

Yahya Mahamat-Saleh, premier auteur de cette étude, précise : « Ces résultats demandent à être confirmés dans d’autres populations, notamment chez les hommes et dans des pays présentant des consommations alimentaires différentes. Si ces résultats sont répliqués, ils pourraient avoir un impact sur les stratégies de prévention primaire des cancers de la peau. »

Pour en savoir plus :

Mahamat-Saleh Y, Cervenka I, Al Rahmoun M, Savoye I, Mancini FR, Trichopoulou A, Boutron-Ruault MC, Kvaskoff M. Mediterranean dietary pattern and skin cancer risk: A prospective cohort study in French women. Am J Clin Nutr. 2019 Oct 1;110(4):993-1002.

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