Mieux vaut consommer des fruits et légumes que de la viande rouge et des charcuteries

Charcuterie

Il est aujourd’hui établi que la consommation de viandes rouges (bœuf, porc, agneau) et de charcuteries est associée à un risque accru de développer un cancer colorectal. Le responsable serait le fer contenu dans ces aliments, appelé fer héminique1. D’autres éléments de l’alimentation peuvent-ils réduire ce risque ?

Une étude récente E3N montre que oui. Une consommation importante de fer héminique a été corrélée à un risque plus élevé d’adénomes colorectaux (stade précoce du cancer). Cette association positive était nettement réduite en cas de régime alimentaire avec un statut antioxydant élevé, c’est-à-dire riche en fruits et légumes.

17 397 femmes ont été suivies de 1993 à 2002. Parmi elles, 1 409 se sont vu diagnostiquer, par coloscopie, au moins un adénome. Chez ces femmes, la consommation de fer héminique était associée à une augmentation du risque d’adénomes dits « avancés », c'est-à-dire à plus haut risque de transformation maligne. Cette association était d’autant plus forte que l’apport en antioxydants alimentaires était faible. Les femmes concernées avaient tendance à être plus jeunes, plus souvent fumeuses ou ex-fumeuses, consommatrices d’alcool, en pré-ménopause, avec un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé, un apport calorique plus important et un niveau d’activité physique plus faible que les autres.

Ces résultats suggèrent de consommer 4 fois plus de fruits et légumes que de viandes rouges et de charcuteries (en grammes par jour) afin de limiter le risque d’adénomes colorectaux. Des conseils cohérents avec les recommandations nationales et internationales du Fonds Mondial de Recherche contre le Cancer : ne pas dépasser 500 g de viande rouge par semaine, éviter la charcuterie, et consommer au moins 400 à 500 g de fruits et légumes par jour pour prévenir le risque de cancer et d’autres maladies chroniques.

Pour en savoir plus :

Bastide N, Morois S, Cadeau C, Kangas S, Serafini M, Gusto G, Dossus L, Pierre FH, Clavel-Chapelon F, Boutron-Ruault MC. Heme iron intake, dietary antioxidant capacity, and risk of colorectal adenomas in a large cohort study of French women. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev. 2016 Apr;25(4):640-7.

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[1] Le fer « héminique », présent dans globules rouges sanguins, désigne le fer d’origine animale (viandes, charcuteries). Il s’agit d’un fer ferrique (Fe+++) mieux absorbé mais plus oxydant que le fer ferreux (Fe++) des végétaux. Dans les charcuteries, des conservateurs (nitrites et nitrates) chargent le fer d’une molécule supplémentaire en le transformant en fer héminique nitrosylé, potentiellement plus cancérogène.