Hypertension et nutrition

tension_artérielle_machine

Contexte

L'hypertension artérielle correspond à une augmentation anormale de la pression du sang sur la paroi des artères. Elle est l'une des principales causes des maladies cardiovasculaires, notamment d'infarctus du myocarde et d'accident vasculaire cérébral.

90 % de l'ensemble des cas d'hypertension relèvent de l’hypertension dite « essentielle ». Cette dernière survient surtout au cours du vieillissement, car les vaisseaux sanguins, en devenant plus rigides, obligent le système circulatoire à pousser plus fort pour faire son chemin du cœur jusqu’aux différentes parties du corps. Si le vieillissement constitue le premier facteur de risque - non modifiable - de l’hypertension, d’autres facteurs sont déterminés par une mauvaise hygiène de vie : le surpoids, la sédentarité, la consommation de tabac ou une alimentation déséquilibrée (alcool, excès de sel, manque de potassium, excès de cholestérol…).

Grâce au projet de recherche « Cœur de femmes » financé par la Fédération Française de Cardiologie, les chercheurs de l’équipe E3N ont pu interroger les liens entre alimentation et hypertension. Au sein de la cohorte de femmes E3N, 30 000 cas d’hypertension, apparus au cours du suivi, ont au préalable été validés. Ces cas d’hypertension ont été investigués en lien avec les apports alimentaires, renseignés de manière très précise et à plusieurs reprises par les participantes.

Résultats : l’alimentation joue un rôle clé sur l’hypertension

Du côté des effets négatifs

Les chercheurs ont observé que les femmes consommant beaucoup de graisses saturées étaient à plus haut risque d’hypertension artérielle1. Les graisses saturées se trouvent surtout dans les aliments d'origine animale (viande, charcuterie, beurre, crème fraîche, fromages, laitages au lait entier, jaune d'œuf, saindoux) et également dans les pâtisseries et les viennoiseries. Ce sont bien les graisses saturées qui sont associées à un risque plus élevé d'hypertension et non les graisses monoinsaturées (huile d'olive) ou polyinsaturées (huiles de tournesol, de maïs, de pépins de raisin, de colza, de lin, et fruits à coque, poisson gras, avocat).

Un risque un peu plus élevé d’hypertension a également été constaté chez les grandes consommatrices de charcuterie, sans doute en raison de leur contenu riche en cholestérol, en graisses saturées et en sel. De plus, les chercheurs ont pu montrer que remplacer la charcuterie par d’autres aliments, tel que les poissons gras ou des légumes pourrait réduire ce risque.2

Du côté des produits laitiers, il est important de préciser que le risque s’est avéré plus élevé chez les consommatrices de fromages transformés industriels, type fromage à tartiner, mais pas chez les consommatrices de fromages « classiques » ni d’autres types de laitages.3

Globalement, une alimentation à haut potentiel inflammatoire, c’est-à-dire plutôt de type occidental, riche en produits d’origine animale, en aliments « ultra-transformés » d’origine industrielle et pauvre en produits végétaux, est associée à un risque accru d'hypertension.4

Du côté des effets positifs

A l’inverse, une alimentation à haut potentiel antioxydant, c’est-à-dire riche en vitamines et en polyphénols naturellement présents dans les aliments, surtout les fruits et légumes, est associée à un moindre risque d'hypertension chez les femmes E3N.5

Une autre bonne nouvelle est la découverte d’un risque plus faible chez les femmes consommant l’équivalent de deux carrés de chocolat noir par jour, probablement grâce aux polyphénols - des antioxydants puissants - contenus dans le cacao.6

Enfin, même pratiquée à faible niveau, une activité physique sportive, comme la course ou la natation, est extrêmement efficace pour réduire le risque d'hypertension. Les chercheurs précisent que le sport est bien plus efficace que la marche à pied...7

Conclusion

Tous ces résultats montrent l’impact important des molécules absorbées par l’alimentation sur l’état des vaisseaux sanguins, se traduisant par exemple par la rétention d’eau ou la rigidité artérielle, pouvant expliquer la genèse d’une hypertension.

Ils confortent également les directives diététiques de santé publique qui recommandent d’éviter de consommer des graisses saturées et des produits alimentaires transformés industriellement (trop gras, trop sucrés, trop salés) et, à l’inverse, qui incitent à la consommation de produits bruts, de fruits et légumes et à… bouger quel que soit son âge !

 

Références bibliographiques (par ordre d’apparition dans le texte) :

  1. MacDonald CJ, Madika AL, Mounier-Vehier C, Severi G, Boutron-Ruault MC. Associations between saturated fat intake and other dietary macronutrients and incident hypertension in a prospective study of French women. Eur J Nutr. 2022 Dec 8.
  2. Thao U, Lajous M, Laouali N, Severi G, Boutron-Ruault MC, MacDonald CJ. Relative to processed red meat, alternative protein sources are associated with a lower risk of hypertension and diabetes in a prospective cohort of French women. Br J Nutr. 2022 Sep 1:1-31.
  3. Villaverde P, Lajous M, MacDonald CJ, Fagherazzi G, Boutron-Ruault MC, Bonnet F. Dairy product consumption and hypertension risk in a prospective French cohort of women. Nutr J. 2020 Feb 5;19(1):12.
  4. MacDonald CJ, Laouali N, Madika AL, Mancini FR, Boutron-Ruault MC. Dietary inflammatory index, risk of incident hypertension, and effect modification from BMI. Nutr J. 2020 Jun 25;19(1):62.
  5. Villaverde P, Lajous M, MacDonald CJ, Fagherazzi G, Bonnet F, Boutron-Ruault MC. High dietary total antioxidant capacity is associated with a reduced risk of hypertension in French women. Nutr J. 2019 Jun 11;18(1):31.
  6. MacDonald CJ, Madika AL, Bonnet F, Fagherazzi G, Lajous M, Boutron-Ruault MC. Consumption of cocoa-containing foods and risk of hypertension in French women. Eur J Epidemiol. 2020 May;35(5):465-469.
  7. MacDonald CJ, Madika AL, Lajous M, Laouali N, Artaud F, Bonnet F, Fagherazzi G, Boutron-Ruault MC. Associations Between Physical Activity and Incident Hypertension Across Strata of Body Mass Index: A Prospective Investigation in a Large Cohort of French Women. J Am Heart Assoc. 2020 Dec;9(23):e015121.